Création 2017

HISTOIRE
Stella et Adèle ont 17 ans. Tous les jours, elles se retrouvent sur le toit-terrasse d’un immeuble. Stella compte les fenêtres allumées, observe les gens qui passent, qui vivent, qui courent. Adèle attend que son fiancé l’appelle. Chacune d’elles, pour échapper à son histoire, invente les histoires des autres, histoires d’amour, de trahison, de solitude, histoires de haine. C’est ainsi qu’elles imaginent leur vie d’adulte. Elles n’en veulent pas.
CONTEXTE
Il y a Adèle et Stella, les deux personnages de la pièce, dépositaires d’une parole. La parole de chacun et de chacune des quarante ados que j’ai interviewés tout au long d’une saison scolaire. La parole de celles et ceux qui rêvent d’un autre monde, d’un monde plus doux, plus libre, plus juste, plus vaste. De celles et ceux qui désirent vivre le grand amour, celui qui atomise et qui élève jusque tout là-haut dans la stratosphère. De celles et ceux dont les perspectives se heurtent souvent au monde réel. Et plus particulièrement, la parole de celle qui te toise dès le début de l’interview et qui te lance sur un ton sec « bon on y va là? On commence quand? », de celle qui ne te regarde jamais et qui manque d’air, de celui qui répond à tes questions comme on répond à un QCM, oui non j’sais pas, de celle qui est prise d’un fou-rire nerveux, de celle qui pleure un amour perdu. Mais aussi la parole de celui qui mange ses mots, l’inaudible, le petit dernier de la famille qu’on n’écoute jamais, de celui qui fait son grand numéro de charme en déclarant aimer sa mère comme un fou mais qui hors micro avoue que son rêve en fait c’est de foutre le camp de chez elle au plus vite, de celle qui raconte des banalités à te faire bailler pendant trois mille ans, de celle qui se projette tout en haut de l’Empire States Building, de celui qui ne veut rien te dire du tout, de celle qui te vomit le divorce violent de ses parents et crache sur le grand mensonge des adultes, de celle qui a peur de tout, de celle qui dit merde à la mer, de celui qui ne veut pas grandir. Et puis il y a toi, l’adulte, avec ton expérience de vie -une vie parsemée de joies, de peines, de fulgurances et d’emmerdes, enfin la vie quoi !- qui, à travers tous ces témoignages, redécouvre le monde que tu imaginais à tes 17 ans. Tu te demandes alors si Adèle et Stella, du haut de leur toit-terrasse de leur immeuble, danseront au rythme d’une musique douce sur les ruines de ton monde meilleur ou si elles fouleront l’herbe verte d’un paradis nouveau.
Jacques Descorde
Texte, mise en scène et scènographie de Jacques Descorde Avec Astrid Bayiha et Nathalie Bourg En musique live : Jérôme Voisin Lumières : David Laurie Costumes : Valérie Paulmier Construction décor et régie : François Vallée Régie : Pascal Lesage – Martin Hennart
Production : La compagnie des Docks Coproduction : Le CDN/Théâtre du Nord à Lille / Les Îlies – CDN à Montluçon.
EXTRAIT
Sur le toit terrasse d’un immeuble. Stella compte les fenêtres illuminées des immeubles d’en face.
A 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16. J’ai 17 ans. Je suis née et je vis dans une ville plantée en bord de mer dans le nord de la France. Là où certains jours par beau temps, on peut y voir les côtes blanches de l’Angleterre. Là où il se dit que quand elles se laissent apercevoir c’est signe de pluie pour le lendemain et qu’il vaut mieux ne pas les voir ces anglais maudits.
Un temps.
Elle c’est mon amie. (Adèle apparaît) Elle n’est pas d’ici. Ses parents sont venus s’installer dans la ville pour leur travail il y a cinq ans. Elle dit souvent que la mer ça lui raconte rien et que ça l’ennuie. Elle dit souvent ça. Mais je sais que c’est pas vrai.
Un temps.
Depuis deux ans, depuis la mort de ma mère, je vis seule avec mon père. Depuis deux ans, je ne lui ai pas dit un mot. Depuis deux ans, chaque soir, hiver comme été, je compte les lumières, je veux dire, du toit de mon immeuble je compte et
je recompte toutes les fenêtres illuminées des immeubles d’en face. Une par une. Des dizaines et des centaines autour de moi et ça parfois jusqu’aux premières lueurs du jour. Je sais que cette nuit je pourrais enfin contempler celle qui restera
seule unique étincelante au milieu du crépuscule je sais alors que celle-là brillera pour moi rien que pour moi et qu’à cet instant précis oui quelque chose arrivera. Ca je le sais.
Un temps.
En attendant je compte : 18 19 20 21…
Noir.
Les dates
UNE MAQUETTE DE J’AI 17 POUR TOUJOURS A ETE PRESENTE…
Le 25 mars 2015 au théâtre du Nord à Lille. Le 27 mars 2015 au JTN à Paris. Le 8 avril 2015 à Confluences à Paris.
PUIS LA CREATION…
Résidences de création :
Du 3 au 14 octobre 2016 au Théâtre les Ilets / CDN de Montluçon. Rendu de résidence public le 12 octobre. Du 28 au 9 décembre 2016 au Théâtre les Pipots à Boulogne sur mer. version hors les murs (scolaire) du 5 au 9 Décembre. Du 2 au 18 janvier 2017 au Théâtre du Nord / CDN de Lille.
Réprésentations :
Les 22/24/25 novembre aux Ulis / 1er version hors les murs – réprésentations scolaires. Les 6/7/8/9 décembre au théâtre les Pipots à Boulogne sur mer – réprésentations scolaires. Du 19 au 29 janvier 2017 au Théâtre du Nord / CDN de Lille. Du 7 au 9 février 2017 au Théâtre les Ilets / CDN de Montluçon. Du 7 au 30 juillet 2017 au festival d’Avignon off à Présence Pasteur avec la Région les Hauts de France. Du 23 au 26 mai 2018 au TAPS de Strasbourg.
PRESSE :
Suite à diverses discussions engagées avec des adolescents, Jacques Descorde, auteur et metteur en scène de ce spectacle, a imaginé l’histoire de deux jeunes filles se retrouvant chaque nuit sur le toit d’un immeuble.
Cette pièce fait le constat d’un quotidien douloureux dans lequel grandit une jeunesse en perte de repères, et qui vient rêver le soir d’un lendemain meilleur. C’est de ça dont il s’agit. Sans en faire le blason d’une génération, car la fiction passe au travers de situations singulières mais tout à fait extrêmes – qui dériveront par ailleurs au grand drame, on sent de manière latente le marasme qui plane au-dessus des jeunes. On nous livre au plateau l’adolescence dans ses aspects les plus complexes, et les interrogations qui accompagnent ce jeune âge.
Celles qui viennent porter cette histoire ce sont Stella et Adèle. Interprétées brillamment et avec beaucoup de force par Astrid Bayiha et Nathalie Bourg. On a réellement l’impression d’être face à deux jeunes de 17 ans, tant la finesse et la subtilité de leur jeu nous plonge dans la fiction. Irrévérencieuses et rebelles, elles agrippent le spectateur pour ne plus le lâcher tant que leur histoire n’aura pas eu raison de lui. Leur engagement sur scène est fort, généreux, et on a bien du mal à les quitter. Duo complice, elles imaginent, comme le ferait un enfant qui s’invente un monde, l’histoire des habitants de leurs résidences. Les inconnus derrière leurs fenêtres sur cour, allumées au beau milieu de la nuit. Elles inventent des histoires pour échapper à la leur, jusqu’à que celle-ci les rattrape avant de les étouffer. C’est un vrai cri qui retentit sur scène. Un spectacle à encaisser, qui ne laisse pas indemne, mais qui étrangement fait du bien à recevoir, et défend un discours qui a l’urgence d’être entendu.
Un fauteuil pour l’orchestre – Jean Hostache
Du haut d’un toit-terrasse, l’une observe les fenêtres allumées, les habitants qui s’agitent ; l’autre attend un appel qui ne vient pas et rêve de grand large. Elles sont amies « à la vie à la mort », se provoquent, s’enlacent, partagent frustrations et rêves désespérés, peur de l’amour, forcément trahi, et de la solitude. Deux ados sur un fil, si gamines et terriblement lucides sur un monde qui les angoisse… Jacques Descorde, auteur, metteur en scène de la Compagnie des docks, a rencontré des adoles- cents, les a écoutés parler de tout, du pire et du meilleur. Il en tire ce troublant spectacle, noir et pour- tant jamais nihiliste, tissé de rage, de fragilité et d’envies. Au-delà de la violence des mots et des néons, la poésie de son écriture éclaire d’une lumière sensible cette quête douloureuse d’un sens à la vie.
Magazine LA VIE – Cécile Rognon
«Le texte, écrit pas Jacques Descorde, en s’inspirant librement, sans les retranscrire, d’entretiens multiples avec des ados de tous horizons, élargit notre champ de vision sur quelques parcours de la jeune génération dont il explore les méandres secrets en maniant avec dextérité un humour acide décapant d’une main et de l’autre le scalpel qui tranche à vif où ça fait mal…Ca donne un récit mouvementé, pris sur le vif, bien servi par deux jeunes comédiennes au jeu contrasté très complémentaire, aux nuances sensibles comme la corde du violon sous l’archet. La musique et le chant en live de Jérôme Voisin apportent comme une respiration, une note de nostalgique liberté.»
Liberté Hebdo – Paul K’ROS
«Astrid Bayiha et Nathalie Bourg.
Jacques Descorde les dirige très bien et elles sont toutes les deux impeccables et très crédibles dans des rôles pas faciles, si on ne veut pas tomber dans la caricature ou la mièvrerie : la marge de manœuvre est des plus étroites!. Un spectacle court (65minutes) mais souvent intense et de grande qualité dans sa langue et le jeu des jeunes comédiennes, et que le public suit avec une rare attention.»
théâtre du blog – Philippe du Vignal
«Le jeu nerveux des actrices est particulièrement mis en valeur par le dispositif scénique : nombre de répliques sont prononcées alors que les actrices regardent fixement le public, très proche d’elles dans la petite salle du théâtre, comme si elle l’interpelait. Le texte, beau malgré sa dureté, touche alors le spectateur directement. Mais si l’émotion est là, le rire n’est jamais loin non plus. On se laisse porter facilement par le tourbillon des actrices.»
lillelanuit.com