Création 2012

À la suite du décès de sa mère, une petite fille part en voyage avec son père, au bord de la mer. Très vite, elle comprend que le chagrin de son père est au moins aussi grand que le sien. Elle devra inventer bien des ruses et trouver beaucoup d’amour pour que, l’un et l’autre, retrouvent enfin le chemin d’un retour à la vie.

Texte mise en scène et scènographie de Jacques Descorde

Avec Solenn Denis et Jacques Decorde.

Costumes de Valérie Paulmier.

Assistante à la mise en scène : Nadège Catelineau

Production : La compagnie des Docks. Avec le soutien de Beaumarchais/SACD.

NOTE

J’ai écrit en premier lieu la séquence 15 d’un seul jet, un jour de rien, un jour de printemps, un jour de ciel blanc : deux voix qui surgissent sans prévenir, un crissement d’essuie-glaces sur le pare-brise d’une voiture et la vue sur un obélisque planté en haut d’une falaise de craie blanche. Une séquence de fin dans laquelle se raconte l’accomplissement d’une histoire d’un homme et de sa fille.

Et puis je l’ai rangé au fond d’un grand tiroir et j’ai attendu que se tisse se déroule et s’entremêle le fil rouge de leur histoire.

Ensuite après deux années et un hiver, j’y ai découvert des senteurs océanes, une chanson de Julia Stone Winter on the weekend, une chambre d’hôtel, un restaurant rempli de vieux anglais, une cabine d’essayage, une plage immense, le soupir dans la petite enveloppe, la maison de maman sur la branche d’un arbre géant, la grand magnolia mauve, le pistolet dans le sac, les pieds dans l’eau froide, le Roi Arthur de John Boorman à la télé, les ondulations de la lumière sur le plafond, le bruit de la mer la nuit, la robe rouge et des mots dans l’oreille. Autant d’impressions, de sensations, de descriptions et de sentiments pour écrire enfin « l’avant » c’est-à-dire les séquences 1 à 14, leur voyage, leur relation, leur complicité, l’absence d’elle, la mère la femme tant aimée, le travail du deuil et le combat d’une fille au secours de son père à la dévire.

Volontairement j’ai voulu des dialogues courts, très courts rythmés par le silence, que la place faîte à l’image soit grande, qu’il y ait dans la succession des plans des séquences et dans ces paysages de bords de mer du Hors Satan de Bruno Dumont, du Maman est folle de Jean Pierre Améris, du Alice dans les villes de Wim Wenders et du Welcome de Philippe Lioret, que l’on bascule du plan très large au plan de détail, du lumineux au noir d’encre, du monde grand ouvert à l’espace confiné comme un esprit vacillant, en repli sur lui-même, l’esprit du père, en proie au doute et à la douleur, qu’il y ait dans ce voyage-là de l’indicible et de l’onirisme, qu’il y ait maman dans le vent.

Jacques Descorde

EXTRAIT

Printemps

Jour. Ciel blanc. Bord de mer.

LA FILLE -C’est là-haut alors pour maman ?

LE PERE -Oui c’est là

LA FILLE -C’est quoi ce grand truc tout en haut ? Tout grand ? C’est laid.

LE PERE -Un obélisque

LA FILLE -Obélix ?

LE PERE -O-bé-lis-que

LA FILLE -Ca sert à quoi ?

LE PERE -Je t’expliquerai mais on ne va pas là. C’est juste à côté. Tu vois

là un peu plus haut sur la falaise ?

LA FILLE -A pied ?

LE PERE -Oui

LA FILLE -Wouah ! Et c’est là que maman voulait ?

LE PERE -Oui c’est là-haut que maman aimait voir la mer.

LA FILLE -On a le droit de faire ça ?

LE PERE -On a tous les droits

LA FILLE -Pourquoi on reste dans la voiture alors ?

LE PERE -Hein ?

LA FILLE -Et pourquoi tu fais marcher les essuie-glaces il fait beau ?

LE PERE -Ah oui tu as raison Il arrête les essuie-glaces allez viens Ils

sortent de la voiture.

LA FILLE -Désignant un sac sur le fauteuil côté passager avant Je peux la porter?

LE PERE -D’accord mais tous les deux, tu veux ?

LA FILLE -Oui

Il lui tend le sac

LA FILLE -Je peux la regarder encore ?

LE PERE -Après. On l’ouvrira une fois arrivés là-haut. Allez viens.

LA FILLE -il ne faudra surtout pas regarder en bas

LE PERE -Exact et il faudra me tenir la main très fort

LA FILLE -Tellement c’est haut

LE PERE -Tellement il y aura beaucoup de vent

LA FILLE -Tellement ça va faire peur

LE PERE -Qu’il faudra ramper dans l’herbe jusqu’au bord

LA FILLE -Wouh et là on l’ouvrira ?

LE PERE -Oui et puis… tu te souviens ?

-En choeur Blanche la mer. Et Blancs les ferries. Blanches nos mains dans le vent. Et blanches les cendres dans le ciel tout blanc. Et Blanc tout sera blanc.

LA FILLE -Et pouf ! Maman dans le vent

LE PERE -Toute éparpillée.

Un temps.

LA FILLE -Elle sera contente j’en suis sûr.

LE PERE -Tu crois ?

LA FILLE –Oui

Noir.

MAMAN DANS LE VENT est un spectacle qui se joue au plus près des spectateurs. La jauge du public est limitée à 80 spectateurs.

MAMAN DANS LE VENT A ÉTÉ PRÉSENTÉ…

Du 12 au 20 octobre 2012 au Centre culturel les Pipots à Boulogne sur mer.

Du 4 au 9 février 2013 avec le Carré sam à Boulogne sur mer.

Du 8 au 31 juillet 2013 au Festival off d’Avignon, Espace Présence Pasteur.

Les 18 et 25 janvier 2014 à Confluences à Paris.

Le 31 janvier 2014 au Théâtre le Garage/Cie de l’Oiseau Mouche à Roubaix.

Du 23 avril au 14 juin 2014 au théâtre le Lucernaire à Paris.

Les 12 et 14 novembre 2014 au Théâtre Boris Vian/Scène conventionnée aux Ulis.

Les 4 et 5 décembre 2014 à la ferme du Bel ébat à Guyancourt.

Le 20 mars 2015 au Théâtre Boris Vian/Scène conventionnée aux Ulis.

Du 26 mai au 2 juin 2015 avec l’agglo Pays Basque Sud Hendaye/Saint Jean de Luz.

Du 17 au 20 mai 2016 au TAPS de Strasbourg.

Du 14 au 16 février 2017 au théâtre des Ilets / CDN de Montluçon

Le 28 mars 2019 au centre culturel Le Fliers à Rang du Fliers (dans le cadre d’un CLEA).
Du 29 au 31 mars 2019 au théâtre de la Verrière à Lille.
Le 17 avril 2019 au collège d’Hucqueliers ((2 rep) dans le cadre d’un CLEA).
Le 18 avril 2019 au centre Culturel Sagot à Fruges (dans le cadre d’un CLEA).

LES MEDIAS :


L’écriture de Jacques Descorde est délicate, elliptique : un père et sa fille partent en voyage pour quelques jours loin de la ville en évoquant de manière allusive la mère décédée. Le temps pour le père de surmonter l’envie de renoncer à la vie. La petite fille, elle, bien vivante, parle à sa mère dans le ciel entre deux moments de désespoir. Jusqu’au moment (très beau) où il faut disperser les cendres dans la mer. Solenn Denis et Jacques Descorde sont justes, pudiques. Ce court et beau spectacle, très émouvant, aborde avec grâce et poésie un sujet pas facile qui pourrait aussi intéresser les adolescents.

Sylviane Bernard-Gresh – TELERAMA

C’est elliptique et mystérieux, grave. On comprend qu’au bout du périple il y a un geste d’amour et de dévotion à accomplir. Il était son mari, elle est leur fille. On disperse les cendres. C’est ténu, fragile, imaginé pour être joué dans les préaux et des salles de classe. C’est plein de pudeur et de grâce. C’est une chanson douce, une prière, et c’est interprété avec délicatesse et profondeur. » Armelle Héliot – LE FIGAROSCOPE

L’auteur incarne le père, lui offrant ses propres cicatrices, cette souffrance qui met l’homme, même le plus fort, à terre. D’une grande sobriété, il nous a bouleversés. Face à lui, l’étonnante Solenn Denis nous émerveille par la délicatesse de son jeu. Il n’est pas facile de jouer une fillette sans tomber dans la caricature. La comédienne réussit ce miracle, celui de retranscrire toute la fraîcheur, la spontanéité, la candeur de l’enfance. Bravo. Marie Céline Nivière LE PARISCOPE

«Maman dans le vent» est un face à face extrêmement fort entre un père et sa fille, dévastés par une même souffrance, qui trouveront en l’autre la force de se raccrocher à la vie. Un voyage tendre et pudique qu’on partage dans l’intimité des comédiens, à quelques mètres de nous. Absolument bouleversant.» Nicolas Arnstam – FROGGY’S DELIGHT

Touchant et déchirant. THEATRE.COM

Une interprétation bouleversante. LE COMTADIN

Le couple interprété par Jacques Descorde et Solenn Denis fonctionne à merveille. CULTUROPOING.COM

Une oeuvre tout en finesse et sobriété. BSCNEWS.FR

Pièce bouleversante. MARGE DU THEATRE

Un des plus beaux spectacles qu’on puisse voir actuellement.

Francis DUBOIS LE SNES (syndicat national des enseignants du second degré)

Une mise en scène sobre et efficace. THEATRE DU BLOG

Ce spectacle vibrant nous laisse la gorge serrée THEATRORAMA.COM