MA NANA M (texte inédit)
Texte de Jacques Descorde
« Tu vois quand elle vient et que je la sens tout près de moi, ma p’tite femme, ça chante. Oui ça chante là, dans ma tête. Ça chante, je veux dire, quand elle est là, elle me parle en chansons. Elle met des chansons dans ma tête, des chansons de Nana, Nana Mouskouri. Que des chansons de Nana Mouskouri. Elle sait bien c’que j’aime ma p’tite femme. Alors, la grande Nana comme ça, rien que pour moi, c’est le paradis gratis. Surtout qu’au début, je veux dire, au début quand elle est partie, de l’autre côté, ma p’tite femme. Ç’a pas été simple. (La main sur le crâne) Ça crie beaucoup làdedans. Elle crie sans arrêt. Des grands cris de femme perdue qui agitent toutes mes nuits. De longues nuits blanches à me faire marcher les deux pieds dans le vide la cervelle à ciel ouvert. Des grandes nuits de colère à étrangler la terre entière tellement elle me fait de la tempête là-dedans. Elle a toujours eu du tempérament ma p’tite femme. Un vrai volcan tu vois. A tel point que parfois elle aurait pu me faire croire au miracle, je veux dire, celui de me réveiller un matin et de réaliser que tout ça hé ben ça n’a jamais existé, ce n’est qu’un mauvais rêve et que je vais la retrouver ma p’tite femme comme avant, exactement comme sur notre photo de mariage, bien droite, heureuse, avec son regard de feu. Mais bon, les miracles n’existent pas, les mauvais rêves si. »